Concert d’ouverture
10 sept. 2024
- 20h
- Grande Salle
- De 5 à 45 €
Il y a dix ans avec son premier disque « Ensemble », le musicien et compositeur Labelle posait les bases d’un univers qui lui était propre et comme sorti de nulle part. Un univers qui rassemblait deux mondes que tout semblait éloigner : l’électro et le maloya, musique traditionnelle de l’île de la Réunion, dont Labelle est originaire. Un album composé sur une poignée d’années, en forme de premier jet brut et direct, et qui dévoilait déjà l’ADN du son Labelle. Un mélange d’organique et d’électronique, de respirations et de rythmes endiablés, de transe et de sérénité, de ciel et de terre, résumé d’un sobre « electro-maloya ».
L’artiste est né à Rennes en Bretagne, d’un père réunionnais débarqué en métropole dans les années 1970 et d’une mère originaire de la métropole. La maison familiale baigne dans un grand mix musical de styles et de sensibilités : la musique de l’océan Indien, le séga qu’écoute son père (musicien amateur), les synthétiseurs planants de Jean-Michel Jarre dont raffole sa mère, et la techno de détroit rapportée au domicile familial par son frère.
C’est à l’adolescence que Labelle découvre le maloya. Cette musique qui fait partie de l’histoire de la Réunion, et dont les origines remontent à l’esclavage. Celle-ci a longtemps été interdite sur l’île par une politique conservatrice et pro-assimilation souhaitant faire oublier que cette musique est avant tout une musique de lutte et de revendication. Alors qu’il s’entraîne sur ses platines à enchaîner les morceaux de Derrick May ou Jeff Mills, le jeune musicien commence à établir des parallèles entre les discours politisés d’Underground Resistance et les problématiques développées par les musiciens réunionnais, deux mouvements musicaux qui partagent une certaine vision de la transe et de l’évasion.
Quelques années plus tard, il ouvre encore plus largement son spectre de connaissance musicale personnel en étudiant la musicologie « au sens large, allant des musiques ethniques au jazz en passant par la musique contemporaine ». Tout en continuant de se considérer comme un « autodidacte », il se constitue un solide bagage théorique et intègre les règles de composition musicale, un savoir-faire particulièrement précieux, lorsqu’il s’agira de dialoguer avec les musiciens et de retranscrire sa musique sur papier.
C’est sa passion pour le rythme ternaire du maloya, qui décide Labelle en 2011 à s’installer à la Réunion, comme un besoin de se rapprocher de ses inspirations musicales, mais aussi de ses origines, à la recherche de son identité dans un monde encore imprégné des restes du colonialisme. C’est sur l’île, au milieu de ce mélange vibrant de population et de religions, de cette flore étouffante et baignée par les différentes musiques issues de l’océan Indien, qu’il se lance dans la composition à temps plein.
Il multiplie les projets, comme le duo Kaang avec le chanteur sud-africain Hlasko qui se produit aux Transmusicales de Rennes en 2015, il compose des bandes-son pour des spectacles de danse, réalise deux ciné-concerts, dont le premier, inspiré de musiques du Niger sur un film de l’ethnologue Jean Rouch, reçoit le Prix des Musiques de l’océan Indien en 2015. Il s’attaque en parallèle à son deuxième album « univers-île » qui signe son entrée sur le label InFiné. Un disque, encensé par la critique, où s’invitent plusieurs légendes du Maloya comme Zanmari Baré ou Nathalie Natiembé et des musiciens comme Ballaké Sissoko et Parkash Sontakke. Labelle impose alors son identité sonore, où sa musique se fait plus symphonique, plus ouverte sur le monde, tout en interrogeant les sujets qui lui tiennent à cœur : l’identité, les racines, la généalogie, les musiques traditionnelles, les explorations électroniques, l’afro-futurisme, la cosmogonie et la créolité.
Il publie ensuite « Post-maloya » en 2018 un EP fascinant de musique de transe où il explore de nouveaux processus musicaux associés à l’utilisation des instruments du maloya.
Labelle revient ensuite avec un projet dont il n’osait même pas rêver et la création de son propre orchestre : l’Orchestre univers.
Avec l’aide de l’Orchestre régional de La Réunion, le producteur a franchi une nouvelle étape dans l’hybridation des cultures musicales savantes et populaires, des héritages de l’Europe et de l’océan Indien. Ce troisième album, composé sur mesure pour l’Orchestre univers, a été ainsi enregistré en live lors de quatre concerts, donnés aux quatre coins de l’île et dans les plus beaux théâtres de la Réunion. Mélange de moments de transe effrénée, de post-maloya et d’expérimentations technologiques, le disque navigue à loisir entre la tradition et la modernité, comme une odyssée sonore qui raconterait une histoire au long terme.
En juin 2019, il était à La Philharmonie de Paris avec les enfants de l’orchestre Démos Réunion pour sa création « L’enfant monde ».
L’exploration s’est poursuivie en 2020 avec la création de son quatrième album, Éclat (sorti en janvier 2022), pour quatuors à cordes et électro-maloya. En 2021 et 2022, il a créé Ennéade, un concerto pour piano, orchestre, électronique et maloya pour la pianiste Vanessa Wagner, joué par l’Orchestre national de Bretagne à Rennes puis par l’Orchestre symphonique de l’Opéra à Toulon.
Il a sorti le 13 octobre 2023 son nouvel album NOIR ANIMA dont le live a été présenté au CENTQUATRE à Paris.
L’univers de Labelle unit maloya et électronique, flirtant avec l’universalité.