Septembre au Châtelet
Richard Strauss
Parmi les nombreuses images de la nouvelle campagne de saison 2023-2024 du Théâtre du Châtelet figure un visuel du Rosenkavalier de Richard Strauss avec Dame Felicity Lott, une nouvelle production d’Adolf Dresen créée il y a tout juste 30 ans, le 24 septembre 1993, avec le chef d’orchestre Armin Jordan. C’est aussi l’occasion de rappeler les liens uniques entre le compositeur allemand et le Théâtre du Châtelet. En effet les 25 mars et 8 avril 1906, l’illustre artiste viendra diriger ici sa Sinfonia Domestica avec les Concerts Colonne. L’année suivante, le 8 mai 1907, Richard Strauss conduira ce même orchestre (préparé par Gabriel Pierné) de la fosse pour présenter son nouvel opéra, Salome, au public français et en allemand avec Emmy Destinn dans le rôle-titre. Ces 6 soirées seront un grand succès artistique et données à guichets fermés. Depuis tous les grands opéras de Richard Strauss connurent pareille fête au Châtelet : Die schweigsame Frau (1983 et 2001), Capriccio (1985), Arabella (1988, 2002 et 2005), Die Frau ohne Schatten (1994), Elektra (1996), Ariadne auf Naxos (2002) et sans oublier deux reprises de Salome (1983 et 1997) !
La Vénus noire
Le 5 septembre 1879, pour l’ouverture de sa 18e saison, le Théâtre du Châtelet présente une nouvelle création, La Vénus noire pièce d’Adolphe Belot (1829-1890) d’après son roman d’aventures sorti l’année précédente. Le sous-titre de la pièce, évocateur, Voyage dans l’Afrique centrale en 5 actes et 12 tableaux, relate les péripéties de Madame de Guéran, abandonnée par son mari pour courir l’Afrique centrale, et qui décide de partir à sa recherche. Si Adolphe Bellot est connu du public parisien pour ses pièces jouées sur les scènes du Gymnase, de l’Odéon ou du Vaudeville, il reste surtout l’auteur d’un roman sulfureux Mademoiselle Giraud, ma femme, d’abord publié en feuilleton dans Le Figaro (1869) mais interrompu devant le nombre de protestations émanant de lecteurs choqués par le sujet abordé, l’homosexualité féminine. En attendant le livre sera réédité 54 fois jusqu’en 1879 ! Et notre Vénus sera jouée 118 fois…
