26 Mars 2019
Rone
Figure majeure de la scène électro de ces dernières années, Erwan Castex, alias Rone, multiplie les collaborations novatrices. Il posera bientôt ses claviers sur la scène du Châtelet. Rencontre avec un artiste explorateur.
Vous avez collaboré avec des écrivains, des cinéastes, vous avez joué à la Philharmonie : venir au Châtelet semble ainsi logique. Vous aimez expérimenter et vous confronter à des univers différents du vôtre ?
Oui, c’est primordial pour moi. Je ressens le besoin constant d’élargir le champ des possibles, d’explorer des terrains nouveaux et de sortir de ma zone de confort. Je fais de la musique électronique et mes instruments principaux restent des machines, mais je n’ai pas envie de m’enfermer dans un genre, ni dans la routine « studio, tournée, studio… »
J’aime m’ouvrir à de nouvelles expériences à travers la richesse des collaborations, et de nouvelles perspectives se sont ouvertes lorsque j’ai mis les pieds dans des endroits comme la Philharmonie de Paris ou en collaborant avec des artistes d’univers différents.
Le Châtelet veut ouvrir les portes du Théâtre à ceux qui n’ont pas encore osé y venir. S’agissant de diversité des publics, vous êtes imbattable depuis que vous dialoguez avec des cétacés : pensez-vous que votre musique peut s’adresser à tout le monde ?
Je l’espère ! Je suis toujours ravi de constater que mon public est très varié et mêle différentes générations et catégories sociales. En concert, j’aperçois des gamins dans la foule, des gens de mon âge et des personnes plus âgées. Cette foule éclectique se mélange très naturellement. Ça, c’est génial ! Et puis il y a le bonheur d’être si bien reçu à travers le monde : de la Philharmonie de Paris à un club moite de Berlin, d’un gros festival en plein centre de Hongkong à un tout petit festival en province, c’est finalement toujours la même énergie.
Mirapolis, c’était le nom d’un parc d’attractions, un univers enfantin. Vous avez récemment travaillé sur Benjamin Britten avec la maîtrise de Radio France, des enfants et des adolescents. Transmettre ses techniques, ses connaissances et ses goûts, permettre à des jeunes musiciens de découvrir, d’apprendre et de progresser, c’est important pour vous ?
Bien sûr ! En tant que jeune papa, j’ai réalisé qu’il y avait quelque chose de génial dans l’échange avec les enfants. À travers leurs yeux, leur innocence et leur enthousiasme, j’ai l’impression de réapprendre des choses, voire d’apprendre des choses à côté desquelles j’étais passé. Leur curiosité naturelle réveille la mienne. C’est enrichissant pour moi comme pour eux.
Je reçois aussi une quantité hallucinante de démos de jeunes producteurs qui me demandent mon avis ou des conseils, et c’est formidable de voir le niveau de certains d’entre eux évoluer à une vitesse incroyable !
Votre titre Parade en 2012, issu de l’album Tohu Bohu, avait marqué les esprits. Clin d’œil amusant au Théâtre du Châtelet qui lance sa saison d’ouverture en revisitant sa Parade… Quelle est l’histoire de ce titre ?
Parade est un morceau important pour moi, il m’a ouvert pas mal de portes en étant joué par plein de DJs partout dans le monde. Je ne me souviens plus vraiment pourquoi je lui ai donné ce nom à l’époque. Mais en y repensant, il se pourrait bien qu’il s’agisse d’une influence inconsciente car je suis un grand admirateur de Satie, Picasso et Cocteau. Cette collaboration avec le Châtelet est incroyable quand on y pense !
Mirapolis, c’était le nom d’un parc d’attractions, un univers enfantin.