25 Nov. 2019
Un futur inclusif
Bouchra Aliouat
La secrétaire générale de la Fondation d'entreprise KPMG France revient sur la Fabrique Citoyenne Artistique, le projet noué en partenariat avec le Châtelet, destiné aux lycéens du Grand Paris
Née à Levallois Perret (92), d’une famille d’origine marocaine, Bouchra Aliouat effectue un double cursus dans les champs de la communication et de la publicité (Paris VIII et Sup de Pub). Après une première expérience dans des agences de publicité, elle sent vite que ce milieu ne lui convient plus, elle qui est déjà en quête de sens dans son activité au quotidien. Nous sommes en 2003, et le sujet de l’innovation sociale émerge à peine dans le monde économique.
Bouchra Aliouat effectue alors une rencontre décisive avec une ONG américaine, ENACTUS, qui l’amènera à repenser sa carrière. Elle est choisie pour lancer la branche française de cette organisation présente aujourd’hui dans 30 pays. Sa mission : accompagner les étudiants dans la création d’entreprises à impact visant à résoudre des problématiques sociales et environnementales. À cette période, le concept d’entrepreneuriat social est encore en pleine phase de structuration. Bouchra décide alors de compléter sa formation et est admise dans le programme « social entrepreneurship » de la prestigieuse école de commerce, INSEAD. « Il me semblait qu’intégrer ce type de programmes allait m’aider à modéliser les intuitions qui me portaient ».
Entre-temps, le climat en France s’obscurcit, à la suite de la mort de Zyed et Bouna en 2005 et les émeutes dans les quartiers. Bouchra Aliouat s’interroge. Elle qui a toujours travaillé avec des étudiants rarement confrontés à la misère sociale, se dit qu’il est temps de s’adresser à un nouveau public moins privilégié, et surtout qui passe sous les radars de la plupart des initiatives soutenues par les pouvoirs publics et les grandes entreprises : les jeunes des quartiers prioritaires. « Je ressentais ce manque parfois de ne pas m’attaquer à des problématiques encore plus vastes. Ma chance fut que le PDG de KPMG partageait ma vision ». C’est donc tout naturellement que lorsque KPMG a décidé de créer sa fondation d’entreprise, Bouchra Aliouat fut sollicitée pour mener à bien ce chantier et à en prendre la direction. « C’était l’idéal : tout était à créer à partir d’une feuille blanche. Je ne connaissais rien au monde du mécénat et des fondations, mais je savais ce que je voulais faire ».
Au début de sa carrière dans le mécénat, elle détone dans ce milieu suranné de la philanthropie française et bouscule les codes lorsqu’elle parle d’innovation sociale et d’inclusion pour tous. Son cheval de bataille : l’éducation et l’intégration des moins favorisés à travers l’économie et la culture. Elle soutient des opérateurs sur le terrain mais décide également de monter un programme inédit en co-construction avec des proviseurs, des professeurs et l’entreprise KPMG : « Lycées de la Réussite ».
Elle reprend des études en plus de son travail et intègre l’Exécutif de l’Essec. « C’était nécessaire d’être à la pointe sur le management opérationnel car mes équipes avaient grossi et le nombre de mes programmes s’était démultiplié ».
Petit à petit, les champs d’intervention de la Fondation évoluent. La culture est pour Bouchra Aliouat une évidence. « Ma culture est multiple. Elle se nourrit de mon histoire, de celle de ma famille, de l’éducation que j’ai reçue et des rencontres que j’ai pu faire. C’est pourquoi j’ai décidé de développer des partenariats avec des théâtres, parce que le spectacle vivant est, à mon sens, l’un des arts les plus inclusifs, car tout le monde peut monter sur scène ».
La « Fabrique Citoyenne Artistique », menée avec le Châtelet est l’illustration de la puissance de l’innovation sociale au service de la culture. Co-construit avec le Châtelet, des enseignants, des artistes, et des mécènes, l’objectif est de permettre à des jeunes de lycées professionnels et en filière générale de découvrir des œuvres majeures qui ont marqué l’imaginaire collectif et ont façonné la culture française et internationale.
« Se confronter aux Justes de Camus, à la féérie d’Un Américain à Paris, à l’adaptation de l’oratorio de Haendel, et à la fabuleuse imagination de Ruth Mackenzie et Monia Triki en termes de programmation et de vision, est un choc salvateur non seulement pour les jeunes, mais aussi pour moi ».
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