Miss Knife

Il y a un peu plus de trente ans, un personnage s’est échappé du Théâtre du Peuple de Bussang : la lanceuse de couteaux de La Nuit au cirque, un spectacle d’Olivier Py. Quelques indices permettent de suivre sa trace. Un patronyme, Miss Knife ; un moment et un lieu, la nuit et le music-hall ; un âge, invariable, car Miss Knife a toujours eu soixante ans. Chanteuse comme Barbara, actrice comme Mistinguett, Miss Knife est aussi la vieille tante à qui l’on se confie. Plus que le double d’Olivier Py, Miss Knife est une conscience. Une petite voix qui murmure à l’oreille des artistes qu’il faut toujours professer la liberté pour que chacune et chacun vive ses désirs.

Lors des émeutes de Stonewall, à New York, en 1969, Miss Knife ne savait ni lire, ni écrire. De cet événement pionnier de la lutte LGBTQ+ aux États-Unis – à l’origine de la Marche des fiertés – Miss Knife a retenu une leçon : le combat pour la tolérance sera pacifiste et n’aura pour armes que des robes à paillettes et des chansons. Transgressive il y a trente ans parce qu’elle était drag, Miss Knife est devenue un personnage de cabaret émouvant et attendrissant, que l’on découvre aujourd’hui en famille. Au Grand Foyer du Châtelet, Miss Knife est désormais en duo avec le pianiste, chanteur et compositeur Antoni Sykopoulos. Et l’on continue de rire et pleurer en l’admirant dans cette atmosphère, plus personnelle et plus intime. Car la vie vaut la peine d’être vécue, en toute volupté, dans un paradis de spleen et de blues.

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